La France aime profondément le train, pour maintes raisons, plus ou moins rationnelles. L'urgence climatique impose des choix pour une action publique
efficace dans la transition écologique. Le ferroviaire doit être la colonne vertébrale du transport de personnes et de biens étant donné ses atouts nombreux : économe en énergie, sobre en espace public, ultra capacitaire et bien sûr décarboné grâce au mix électrique français. Mais il est très coûteux. Et l'imaginaire dominant fait la part belle au développement des LGV, au redéveloppement du train de nuit et des petites lignes, symboles de l'âge d'or d'un ferroviaire d'antan toujours fantasmé.
Face à ces belles promesses, souvent électorales et empreintes de nostalgie, le collectif Pour un Réveil Ecologique est au contraire convaincu que l'âge d'or du ferroviaire est à venir à condition de savoir hiérarchiser nos efforts. à l'heure des contractions budgétaires. En effet, maximiser le report modal vers le train, notamment dans les villes grâce aux SERM, va de pair avec une augmentation d'offre et de qualité de service, c'est-à-dire plus de trains sur le réseau, plus de ponctualité et plus de fiabilité, en particulier pour le fret. Or aujourd'hui le réseau ferré vieillit et la France prend du retard dans la modernisation de son système.
Pour répondre à ces enjeux de capacité, d'interopérabilité et de résilience, une priorité absolue doit être donnée à la modernisation des postes d'aiguillages, de la signalisation ainsi qu'à la régénération des voies et caténaires. La réalisation de contournements ferroviaires urbains présente le double avantage de libérer des sillons pour faciliter l'accès des trains de voyageurs aux villes tout en créant des itinéraires alternatifs adaptés au fret. Ces investissements présentent un coût important mais une rentabilité économique et écologique considérable. Enfin, la création de nouveaux terminaux intermodaux et la mise au gabarit de leurs accès permettront d'accélérer la croissance déjà forte du transport combiné sur les longues distances.
La conférence de financement « Ambition France Transports » doit trouver et orienter les financements vers ces investissements.
Le collectif propose de responsabiliser les Régions en conditionnant une baisse des redevances d'infrastructures, les plus élevés d'Europe, à un sursaut de financement de leur part dans la modernisation du réseau. L'Etat doit contribuer également en mettant en place des taxes fléchées vers les modes de transport propres sur le principe du « pollueur-payeur » en taxant l'aviation, en renégociant les contrats des sociétés autoroutières, etc.
Bien qu'elle permette réduction des coûts et augmentation de l'offre, l'ouverture à la concurrence transforme le paysage ferroviaire en fragmentant le système, multipliant les acteurs. L'intégration tarifaire d'une part, pour faciliter l'intermodalité notamment via les SERM, et la standardisation de la billettique doit permettre un meilleur accès au train pour les usagers et une meilleure lisibilité des tarifs, aussi bien à l'échelle nationale et qu'européenne.
Le secteur ferroviaire, bien que déjà vertueux, ne peut échapper à sa décarbonation, en particulier au niveau de l'infrastructure présentant des postes importants d'émission. La construction de nouvelles LGV émet beaucoup à travers les travaux de génie civil et l'utilisation de matériaux comme le béton et l'acier mais la régénération du réseau nécessite également des engins thermiques pour certaines opérations.
Le ferroviaire est très dépensier, en ressources financières et en ressources humaines. « Ambition France Transports » doit donner de la visibilité aux industries ferroviaires pour investir dans de nouveaux moyens de production, recruter et former aux nouvelles technologies pour digitaliser les systèmes, innover, être plus compétitif. Enfin, le secteur a besoin d'un cadre réglementaire souple pour se conformer aux exigences européennes d'interopérabilité tout en restant compétitif sur la scène internationale en innovant continuellement.
Le ferroviaire doit faire valoir ses atouts, ceux d'une filière d'excellence reconnue dans le monde entier et éminemment durable, créer de nouveaux imaginaires de la mobilité plus soutenables mais surtout plus désirables et faire du train un choix démocratique.
Pour un réveil écologique, mai 2025