Pour les industries et les services. Votre entreprise fabrique un produit pour le vendre. Cette production a des impacts écologiques, environnementaux et sociaux, tout comme son utilisation aussi. Il est important de comprendre ces impacts, et de se poser la question de l’intérêt même de ces produits et/ou de leur démultiplication. Par exemple, dans le cas de l’industrie textile, responsable d’une part non négligeable de nos émissions de gaz à effet de serre : les vêtements sont nécessaires à une vie de qualité; mais proposer de nouvelles collections tous les 6 mois pour inciter à acheter toujours plus ne l’est pas.
Le même raisonnement s’applique pour les services industriels: la fonction remplie par mon entreprise est-elle nécessaire, limitée à de justes proportions, et justifie-t-elle ses impacts négatifs sur l’environnement ?
Questions clés et pistes de travail
- Quelle est la finalité du produit ou du service que je contribue à produire et à vendre ? Est-il réellement utile à une vie de qualité sur une planète durable ?
- S’il est réellement utile à une vie de qualité, comment le concevoir différemment pour que son impact écologique, environnemental et humain soit le plus faible possible ?
- Si c’est un produit matériel, est-il nécessaire de pousser à son achat ou bien serait-il préférable de le louer, pour en produire moins et maximiser son utilisation ?
- A-t-il des impacts positifs sur l’environnement et la biodiversité ? Que représente-il pour le business model de mon entreprise / organisation ?
- Est-ce que j’informe les consommateurs de l'impact environnemental de ce produit ou service ? Est-ce que je les informe pour qu’ils limitent l’impact écologique du produit durant son utilisation ? Ont-ils accès aux informations et pièces détachées nécessaires pour prolonger et optimiser sa durée de vie ?
- Si mon activité dans son ensemble n’est pas compatible avec un réchauffement climatique au-dessous de 2 degrés par rapport à l’ère pré-industrielle : quelles compétences avons-nous que nous pourrions réorienter pour avoir un impact positif ?
Pour la finance. La finance a un rôle majeur d’allocation des ressources dans l’économie. Seulement, la finance traditionnelle dirige l’épargne vers les projets les plus rentables, sans réellement prendre en compte leurs impacts environnementaux et sans prioriser le financement de la transition écologique.
Questions clés et pistes de travail
- A quoi contribue le financement que je m’apprête à accorder ? Sert-il à développer une activité qui accélère le réchauffement climatique et les dégâts écologiques ou bien sert-il à repositionner une activité pour limiter ses impacts environnementaux ?
- Les choix de financement prennent-ils en compte une stratégie ISR intégrant les critères ESG de façon ambitieuse pour mesurer la performance extra-financière du projet/entreprise ? Quelles politiques ESG mon entreprise exerce-t-elle dans les stratégies d’investissements (exclusion, thématiques, best in class, finance d’impact) ?
- Dans le cas où mon employeur dispose d’un vote en Assemblée Générale, utilise-t-il son pouvoir d’actionnaire actif pour influencer sur l’amélioration des pratiques ESG de l’entreprise ?
- Mon entreprise mesure-t-elle son exposition aux risques climatiques ? Si oui, comment le gère-t-elle?
- Quels contrôles sont prévus pour s’assurer que la transformation de mes activités ont bien lieu ?
- En cas de capacité de financement limitée, est ce qu’une stratégie est mise en place pour prioriser le financement des projets à impact positif pour la planète et la vie sur la planète ?
Pour la communication et la publicité
A quoi peut servir la communication dans un monde écologiquement de plus en plus contraint ? Certainement pas à encourager l'achat de produits toujours plus nombreux, ou à créer de nouveaux désirs (de consommation).
Dans le domaine de la communication, tout l'enjeu consiste d’abord à s'interroger sur l’utilité de ce sur quoi on communique : dans le cas de la publicité, s'agit-il de produits essentiels ? Participent-ils à la réduction de nos impacts sur l’environnement ? Dans le cas de la communication au sens large, la question de l’utilité de ce sur quoi on communique se pose également : est-ce écologiquement et socialement utile ? Si non, est il possible d’orienter ma les informations que je transmets dans ce sens ? Ce n’est que dans un second temps qu’il peut être utile de s'interroger sur l’impact écologique des supports de communication que l’on utilise : goodies, kakémonos, numérique… des progrès sont sans doute faisables sur ce plan - et les guides à ce sujet pullulent - mais l’impact du support de communication reste beaucoup moins faible que l’impact de ce sur quoi on communique. Dit autrement : il ne sert à rien de distribuer des tracts sur papier recyclé si c’est pour vendre des SUV.
Dernière action importante : éviter, à tout prix, le greenwashing. Cela passe par une solide compréhension des enjeux écologiques et par la mise en place de règles qui vous aident à définir votre éthique en matière de communication sur les enjeux écologiques. A ce sujet, les référentiels de l’ARPP sont encore très timorés : mieux vaut encore, pour le moment, y réfléchir et en débattre au sein de votre entreprise !
Questions clés et pistes de travail :
- Les communications et publicités que je vais créer poussent-elles à vendre toujours plus de produits/services ?
- En quoi ces produits et services sont-ils réellement utiles , quels impacts ont-ils sur la société et l’environnement ?
- Les consommateurs ont-ils connaissance de l’impact environnemental des produits et services que je vais mettre en avant dans la communication/publicité ? Si non, comment puis-je le leur expliquer ou le suggérer ?
- Comment m’assurer de ne jamais sombrer dans le greenwashing ? Suis-je bien au courant de ces enjeux ?
Pour les médias. L’industrie des médias a un fort impact sur l’information et les prises de conscience des citoyens. Elle peut participer à créer un avenir meilleur pour tous sur une planète viable, ou l’inverse. Elle a un double rôle puisque non seulement elle crée des contenus mais elle héberge des publicités qui ont elles aussi un impact. Les médias ont donc deux publicités : d’abord informer, de façon la plus juste possible, sur les enjeux - et notamment écologiques. Non dans des rubriques à part, mais de façon transversale dans l’ensemble des articles/reportages/podcasts. Il n’est pas cohérent de vanter les vacances de luxe d’une influenceuse à Dubaï sans au moins informer les citoyens auxquels on s’adresse de l’impact écologique démesuré d’une vie d’influenceur à Dubaï - sans compter son impact social.
Second sujet de vigilance : la publicité. Bien informer son public sur les enjeux écologiques, c’est très bien, mais si c’est pour exposer cette même audience à des publicités répétées pour des SUV, c’est contre productif. De plus en plus de médias mettent en place des restrictions sur cette question - voir notamment l’exemple du Guardian en Angleterre.
Après cela, se posera la question de la réduction de l’impact écologique de son activité au sein du média : déplacements, tournages… mais cette question a un impact bien plus limitée que les deux précédentes.
Questions clés et pistes de travail :
- Est-ce que j’informe mon public des enjeux climatiques et environnementaux ? Est-ce que je donne la place à des experts pour vulgariser les enjeux ? A quel rythme ? La place et le rythme sont-ils en lien avec l’ampleur des enjeux ?
- Est-ce que les personnes qui travaillent avec moi sont informées des enjeux et formées pour en parler et intégrer cet aspect dans leur travail quotidien d’information ou de divertissement ?
- Est ce que les enjeux écologiques sont intégrés comme un des éléments à prendre en compte dans l’ensemble de mes productions médiatiques - et non comme un enjeu à part, dans une émission dédiée, par exemple ?
- Est-ce que le cœur d’activité même de mon média est compatible avec les enjeux mondiaux ? Son objectif est-il de promouvoir la surconsommation et les effets de mode ? Sinon, combien de ses contenus ont-ils encore cet objectif, et comment les transformer en information utile et fiable ?
- Est-ce que les publicités que j’accepte sont en cohérence avec les enjeux ? Si non, pouvons-nous les garder ? Quelles conditions poser pour accepter de les diffuser ? Comment développer un nouveau business model qui équilibre le rapport annonceur/média ? Quels annonceurs ayant mis en place des réponses fortes aux enjeux climatiques et environnementaux privilégier ? comment rendre votre média attrayant pour ces annonceurs ?
- Comment s’appuyer sur des éléments existants déjà pour faire évoluer les consciences et les actions (par exemple utiliser les émissions culinaires existantes et s’appuyer sur leur succès pour former les téléspectateurs sur les fruits et légumes de saison, sur l’importance de l’achat local, cuisiner les restes, l’impact de la consommation de viande...) ?