Finance et Urgence Ă©cologique : La finance verte, un argument marketing pour les acteurs financiers.
Dans un rapport publié le 8 février 2022, le collectif Pour un réveil écologique révèle que les acteurs financiers n’engagent pas de transformations pertinentes de leurs activités au regard des enjeux climatiques, au contraire le secteur bancaire accélère de manière indirecte le réchauffement climatique par ses financements.
Le rapport “Finance et urgence écologique” a analysé les engagements écologiques de 5 acteurs financiers opérant en France : BNP Paribas, Société Générale, BPI France, CNP Assurances et HSBC. L’enquête s’appuie sur un questionnaire envoyé aux entreprises, de documents publics (rapports RSE et autres), d’entretiens avec des professionnels du secteur, ainsi qu’aux enseignements tirés d’une table ronde qui a rassemblé les directeurs du développement durable des entreprises analysées.
Alors que de plus en plus d’étudiant.e.s et jeunes diplômé.e.s en finance souhaitent participer à la responsabilisation du secteur, les résultats de cette enquête sur les politiques environnementales de ces grands groupes financiers mettent en avant leurs faibles ambitions écologiques.
Ainsi, le rapport Ă©tablit que :
- La finance verte est aujourd’hui un concept essentiellement marketing : en dépit de leurs intenses efforts de communication autour de l’intégration de critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) ou extra-financiers dans leurs processus d’analyse, la création de green bonds” ou le financement de projets dits “verts”, force est de constater qu’aucune démarche ambitieuse n’est mise en place pour faire transitioner écologiquement le secteur. L’utilisation du terme finance verte donne ainsi l’illusion de répondre au problème de la crise climatique alors que les acteurs financiers étudiés n'engagent pas de transformations suffisantes pour réduire leur impact. Au contraire, la finance verte est ainsi devenue un étendard du greenwashing pour ces grands groupes.
- Les entreprises étudiées ne parviennent visiblement pas à se défaire du financement des énergies fossiles. Aucune donnée communiquée ou publique ne permet de prouver la diminution des investissements effectués dans les énergies fossiles. Ce manque de transparence est préjudiciable à la confiance envers ces organismes.
- La transition écologique n’entre pas dans les compétences attendues du personnel. Les employés ne sont pas suffisamment formés aux enjeux de la transition écologique : bien qu’aucune banque ne publie à ce jour les chiffres exacts du nombre de formations dispensées sur ces sujets, nous avons estimé à environ 1h de formation sur les sujets environnementaux par an et par salarié.e, souvent traités de pairs avec d’autres problématiques.
- La rémunération des dirigeants n’intègre pas suffisamment de contraintes liées à l’écologie. La quasi-totalité de la rémunération variable est toujours basée sur la rentabilité financière. Les indicateurs environnementaux choisis sont souvent peu pertinents et plus qualitatifs que quantitatifs. Les intérêts des dirigeant.e.s de ces institutions ne sont donc pas alignés avec ceux des dirigeants de projets vertueux sur le plan environnemental et donc par définition moins rentables.
Pour un réveil écologique recommande donc, à la suite de ce rapport :
- l’augmentation de la proactivité des banques dans leurs activités de financement vis-à -vis des entreprises des secteurs carbonés, par exemple en posant des conditions environnementales aux crédits octroyés ;
- la création d’un “facteur pénalisant” sur les actifs bruns, consistant à augmenter les fonds propres d’une banque en proportion de la part d’actifs bruns détenus pour couvrir les défaillances et contraindre les banques aux changements. A cela s’ajoute de nouvelles règles structurelles comme une obligation pour toute banque à ne pas dépasser un plafond défini d’actifs bruns ;
- l’alignement des portefeuilles sur l’Accord de Paris pour intégrer les objectifs de réduction des externalités négatives des financements des organismes ;
- la création de formations spécifiques dédiées aux enjeux de la transition écologique, obligatoires et animées par un.e expert.e, qui doivent être largement diffusées pour tous les postes et tous les territoires.
Télécharger le rapport - “Finance et Urgence Écologique : les dirigeant.e.s passent-ils des paroles aux actes ?”
Pour un réveil écologique remercient BNP Paribas, Société Générale, BPI France et CNP Assurances pour leur transparence. Nous tenons également à souligner que le Crédit Agricole a refusé de répondre à notre questionnaire, ce que nous déplorons, faisant preuve d’un manque de transparence qui ne peut que faire douter de la réalité de leurs ambitions environnementales.
Contact presse
Equipe communication du collectif Pour un réveil écologique - 06 65 92 31 42 - contact@pour-un-reveil-ecologique.fr
A PROPOS DU COLLECTIF POUR UN RÉVEIL ÉCOLOGIQUE
Pour un réveil écologique est un collectif créé en 2018, suite à la signature du Manifeste étudiant pour un réveil écologique par plus de 30 000 étudiants de l’enseignement supérieur.
Composé d’étudiants et de jeunes diplômés, le collectif crée et met à disposition des outils pour :
- intégrer les enjeux écologiques dans toutes les formations, notamment dans l’enseignement supérieur ;
- travailler pour des employeurs qui s’orientent vers des activités écologiquement utiles et soutenables
Plus d’informations sur pour-un-reveil-ecologique.org